The Tears of the killer :

(Les Larmes du Tueur)

Deux mois.

C’était tout ce qui lui restait. Au mieux elle parlera encore, au pire elle hurlera toujours.

L’argent ne fait pas le bonheur, mais la pauvreté ne peut pas sauver des vies.

La regarder mourir sous mes yeux, en toute impuissance, c’est à l’heure actuelle tout ce dont je suis capable.

Et encore … Même si j’avais l’argent pour cette opération, elle ne lui donnerait qu’une seule et unique année de répit. Une simple année, durant laquelle, elle attendra dans l’angoisse que vienne son heure.

Je ne peux rien faire. Juste rester auprès d’elle et la regarder s’éteindre. Et c’est bien là tout le fondement du problème.

J’en suis incapable.

Le peu que je fais est égoïste. Je viens la voir quand elle dort. Quand elle ne divague pas. Quand elle ne crie pas. Quand elle est calme et sereine et que l’on pense que la douleur a disparue.

Mais c’est plus pour moi que pour elle que je viens ici.

Je m’habitue simplement à cette vision.

Au visage épanoui de ma mère, qui bientôt aura les yeux, définitivement clos.

Parfois je pense qu’elle fait semblant de dormir. Elle a du comprendre mon petit manège depuis longtemps.

En est-elle attristée ?

Je ne le saurais sans doute jamais.

Après tout, tout le monde a le droit d’être lâche.

Je n’ai jamais rien fait pour qu’elle soit fière de moi. Ça ne changera pas aujourd’hui.

Confidence pour confidence, elle me prenait plus pour un boulet qu’autre chose. Sur ce point, nous sommes quittes.

Elle m’a avoué récemment que son unique hantise était que je parte avant elle.

Je l’ai rassuré, si c’est sa dernière volonté, alors j’attendrais mon tour pour me suicider.

Plus que deux mois, et tout sera terminé.