• Chapitre I : Erreur technique

     

    - « Comment va-t-elle ? 
    - Son état est stable elle s’est endormit, mais si elle s’en sort, elle aura très certainement des séquelles au niveau mental irréversible …
    - Bien, je vois …. Merci docteur.
    - Vous désirez aller la voir ?
    - Oui … ».
     
    Je détestais cet endroit.
    Cette odeur aseptisée de mort, ce froid, ces bouses blanches … Les hôpitaux étaient ma hantise. 
    Même mourante tu trouvais le moyen de me pourrir l’existence, à croire que c’était ton aspiration.  
    Au fond, tu m’en veux certainement pour t’avoir pris ta pupille, ta raison de vivre, ta fierté : Melody.
    Pourtant je n’y étais, dans le fond, pour rien.
    Tu m’as juste reproché d’avoir survécu. 
     
    C’était il y a huit ans maintenant …
     
    - « Maman ! Maman ! Je l’ai eu du premier coup !
    - Oh Melody je suis si fière de toi … Xavier vient voir, notre fille a eu son permis ! »
     
    Et les compliments pleuvaient de ci de là …
    Il y a à peine un mois elle fêtait ses dix-huit ans, il y a deux semaines c’était pour son BAC et maintenant le permis. 
    Melody était de huit ans mon aîné. Elle était, il fallait bien le reconnaître, très belle mais également très intelligente. 
    Ce qui pouvait, à l’époque, passer pour l’admiration d’une petite fille envers sa grande sœur, c’était, au fil des ans transformé en jalousie, puis en haine.
    A dix ans je haïssais Melody.
    Elle était désirée, elle.
    Moi, je faisais partie de ces enfants que les parents sur le point de divorcer mettent au monde pour tenter de retrouver un minimum l’amour des premiers jours. 
    Et malgré ma naissance, les choses ne se sont pas améliorés, pire même, ils en sont venu aux mains, quoique de dire qu’ils en sont venu à la poêle et autres ustensiles de cuisine seraient plus logique …  
    Ma mère était malade depuis longtemps et donc condamnée ; ses petites séances de catch nocturne n’ont fait qu’accélérer le processus. 
    C’était un 4 mai, un vendredi. 
    J’avais oublié des affaires à l’école primaire et Melody m’avait proposé d’aller vite fait passer à l’école récupérer mes cahiers sans que les parents ne le sachent.   
    Et oui, ma haine n’était point réciproque. Pire, ma sœur m’adorait. Elle semblait sincère en plus … 
    Le temps était couvert à l’allée.
    Au retour il pleuvait.
    Beaucoup.
    Trop.
    Et l’on ne voyait pas à 10 mètres devant la voiture.
    Melody roulait lentement au cas où.
    Le camion en face, lui, avait depuis longtemps dépassé les 140 kilomètres/heures.
    Elle n’a pas eu de chance, le destin était contre elle ou alors mes prières concernant sa mort avaient décidé de se réaliser ce jour.
    Elle est morte en agonisant sur moi, son corps faisant bouclier entre moi et une mort certaine.
    Les pompiers ont mis deux heures à arriver. 
    Le chauffeur avait pris la fuite.
    Je suis resté en état de choc à l’hôpital pendant deux jours. Mais je ne m’en souviens pas.
    Mon père m’a juste dit que, le jour où les médecins avaient décidé de me libérer, en voyant ma mère se lamenter sur le corps de ma sœur, j’ai éclaté de rire.
    Pas un rire joyeux, plutôt quelque chose de froid. 
    Comme une vengeance.
    La seconde d’après je me reçu la première claque de ma mère.
    Elle ne m’aimait pas, certes et elle ne l’a jamais caché mais elle ne m’avait jamais frappée.
    Et celle-ci ne fût que le début de beaucoup d’autre. 
    A partir de là, je faisais tout pour lui pourrir la vie, et elle me le rendait bien.
    Mon père quand à lui avait perdu son travail et commençait à s’endetter lentement mais sûrement.
    L’état de ma mère s’aggravait et quand à moi je découchais de plus en plus.
    Et maintenant, tu es là, sur ce lit d’hôpital, mourante, mon père endetté au-delà de la limite du raisonnable … 
    A croire que, à la mort de Melody, l’autodestruction est devenue notre raison de vivre.
     
    - « Tu sais, tu vas mourir … le médecin tente encore de me faire croire que tu peux t’en sortir avec seulement des séquelles au niveau du cerveau, mais je sais qu’il ment … 
    -
    - Je pense que je vais arrêter de venir te voir, on a plus rien à se dire.
    -
    - Je sais que tu ne dors pas, alors j’aurais une dernière question …
    -
    - Que veux-tu pour ton enterrement ? »
     
    Elle ouvrit ses yeux éteints, soulignés de cernes, noirs et me regarda.
     
    - « Melody … »
     
    La frapper. 
    Je me retenais tant bien que mal de la frapper. 
    J’avais une envie irrésistible de hurler. De lui crier que sa très chère Melody était morte. 
    Mais je ne fis rien. Elle avait depuis longtemps perdu la raison et de toute façon, je n’avais jamais vraiment existé pour elle, alors au point où on en était, si, même si ça ne m’était pas destiné, je pouvais lui prendre un peu d’affection, je le ferais.
     
    - « Oui maman …
    - Tu veux bien faire quelque chose pour moi ? 
    - Tout ce que tu veux …
    - Apporte-moi des roses rouges … pour mon enterrement …
    - Bien, je respecterais ta volonté, mais je veux … que… tu me dises que tu m’aimes …
    - Je t’aime … 
    - Adieu. »
     
    J’ai ouvert la porte et je suis partie, ne prêtant pas attention au dernier mot qu’elle prononça. Si j’avais su, peut-être que je serais resté … Et cela m’aurait évité de tomber encore plus bas … 
     
    - « Pearl … »
     
    Alors que j’allais prendre l’ascenseur pour sortir, le Docteur menteur s’approcha de moi.
     
    - « Si son état évolue, que ce soit en bien ou en mal, je vous contacterais, Pearl.
    - Bien, merci. »
     
    De toute façon je ne mettrais plus jamais les pieds ici.
     
    En passant les portes, je vis un attroupement de journaliste devant une Mercedes. 
    Encore un haut dirigeant qui venait prôner la charité pour accroitre sa popularité. Je détestais ce genre de personne. 
    Je haïssais les politiciens.  
    Alors que j’allais me détourner, je sentis une goutte d’eau me tomber sur le visage. 
    La pluie ? 
    Mais pourtant il n’y avait pas un seul nuage dans le ciel … 
    Je levais la tête par pur réflexe et c’est là que je le vis.
    Sur le toit de l’hôpital, un pistolet dans les mains. 
    Avant même d’avoir pu bouger, il braqua son regard sur moi, afficha un air surpris puis purement haineux ; il enfila sa cagoule et tira.
    Des cris fusèrent de toute part, les gens et les médecins courraient dans tous les sens.
    Mais moi je ne pouvais pas bouger, mon regard figé sur le toit.
    Il avait disparu, comme une ombre.   
     
     
    Beaucoup plus haut … 
     
    Merde, merde, merde, merde …. 
    Cette fille m’a vue.
    Il faut que je la tue avant qu’elle n’aille tout raconter …
    Sautant en contrebas, l’assassin rangea son matériel et fila sur sa moto. Le regard dur et un sourire cruel inscrit sur ses lèvres. 
    Ça promettait d’être intéressant.  

  • Commentaires

    1
    Mel
    Mardi 8 Mai 2012 à 03:53
    comique, intéressant, intriguant, jveux la suite !! ça promet ^^
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