• Son

     

     

    La barrière du son est un obstacle dur à franchir.

    Au fil du temps, les relations peuvent se dégrader.

    C’est assez facile de créer des liens, mais c’est tout autre chose de réussir à les entretenir. Quand la distance se rajoute aux péripéties, la quête semble perdue d’avance.

    Pourtant, il fut un temps où sans aucun problème, on arrivait à se comprendre.

    Etais-ce parce-que je parlais plus fort ?

    Ou parce-que tu entendais toujours ?

    Nous ne sommes pas de la même époque. Moi, la technologie me ronge. J’ai la vie plus facile que tu ne l’auras jamais.

    Notre passé, notre âge, ce que l’on a vécu, tout nous sépare.

    Tu partiras bien avant moi, si je ne fous pas ma vie en l’air prématurément.

    J’ai peur, peur que tu ne gardes de moi que l’image d’une adolescente numérisé, et que de mon côté, tu ne représente qu’un vieillard sourd avec qui toute communication était devenu impossible.

    Je pense que la vieillesse nous effraie, car elle est le reflet de notre avenir, la crainte que nous ne devenions qu’un handicap pour notre entourage, le cauchemar de se voir petit à petit se dégrader.

    Mais la vieillesse, c’est aussi la sagesse.

    Des livres entiers de savoir et d’histoire vivant. Toute l’expérience de la vie, d’une vie.

    Le calme et l’absence de stress.

    Une sérénité que dans la fleur de l’âge, il nous est impossible d’atteindre.

    Mais je ne suis pas dans ta peau, je ne peux pas savoir, juste imaginer.

    Malheureusement, la vieillesse, c’est également l’heure du constat : A-t’on réussi à atteindre tous  nos objectifs ?

    Si c’est non, c’est un peu tard pour rattraper le temps, les regrets seront donc au rendez-vous.

    Vieillir, c’est aussi regarder son environnement évoluer.

    En quatre vingt années, de combien d’immeuble supplémentaire Paris a –t’il été envahi ?

    L’architecture, les styles musicaux, tout bougent à une vitesse impressionnante.    

    La nostalgie devient souvent notre temple.

    On doit sans aucun doute se dire qu’avant, c’était mieux.

    Quoi de plus normal.  

    Alors je te dédis ce texte, à toi et à ta sagesse,

     

      Mon grand-père.         


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